Crédible ou non dans le détail, l’affaire Ferrand permet de constater que la « réconciliation » entre les époux royaux n’est pas d’actualité (défiance mutuelle, mensonges probables, ironie de Marguerite qui feint de prendre la « curiosité » de son mari pour un signe inattendu de jalousie, donc d’intérêt pour sa personne). Montaigne précise bien qu’il s’agit de discours rapportés : La Marselière m’a dit que Frontenac lui avait dit que la reine avait dit… et que le roi, en réponse, lui avait dit qu’on lui avait fait soupçonner que Ferrand… (bref, que l’affaire lui avait paru politique et non conjugale, ce que l’épisode des papiers brûlés paraît accréditer). La lettre de Montaigne contient pour ainsi dire virtuellement la lettre de Marguerite à sa mère qu’elle commente sur un point important (délibération n’est pas décision), et surtout le plaisant bouquet final des lettres de ses dames de compagnie à leurs amis de la Cour, révélées au grand jour. Sur un ton plus grave, Montaigne se soucie de la santé de Du Ferrier, cet ancien ambassadeur de France à Rome qu’il avait alors beaucoup fréquenté (voir le Journal de voyage) et qui, de nicomédite qu’il était, est passé clairement depuis à la Réforme (voir les Essais).
Pièce originale conservée à Monaco, Archives du Palais Princier : J 136, f° 34 r° et v° (texte), f° 35 v° (adresse).
A. Legros
Fac-similé en ligne (Bibliothèques Virtuelles Humanistes).
Édition intégrale par Alain Legros
- Version diplomatique (Lettres réunies en un seul fichier, avec distinction des mains)
- Version régularisée (Lettres réunies en un seul fichier, avec distinction des mains)
- Version modernisée (Lettres réunies en un seul fichier, avec distinction des mains)