Montaigne est souvent accusé d’avoir préféré, alors qu’il était maire de Bordeaux, rester dans son château plutôt que d’entrer dans la ville en proie à la peste, mais cette pièce originale montre que le 31 juillet, dernier jour de son second mandat, il se trouvait à proximité immédiate de la cité, prêt à traverser le fleuve s’il le fallait. La veille, à Libourne, il avait eu un entretien avec le maréchal de Matignon et il avait écrit aux jurats pour leur demander s’ils jugeaient sa présence indispensable le 1er août, jour de l’élection de son successeur. Il s’était dit prêt à « recevoir leurs commandements » par l’intermédiaire d’un des leurs qui le rejoindrait sur la rive droite, à Feuillas ou Feuilhas, château mis à la disposition des maires de Bordeaux, près de Cypressat et Cenon, si l’épidémie n’était pas encore parvenue jusque là. C’est de là qu’il écrit aux jurats pour leur transmettre, une dernière fois, les instructions du maréchal, lieutenant général de Guyenne qui allait d’ailleurs lui succéder comme maire, cumulant ainsi les deux charges. Il faut croire que la réponse attendue, transmise par le « porteur », avait été de rester à bonne distance du foyer de l’épidémie. Ce sont donc les jurats qui ont pris cette décision, au reste conforme à la prudence et aux règles sanitaires en vigueur. Il faut croire que l’argument de la lettre expédiée de Libourne les avait convaincus de l’inutilité de faire prendre un risque fatal au maire sortant.
Pièce originale endommagée, conservée à Bordeaux, Archives municipales : BB 185, 33.
A. Legros
Publié le 23/05/2016
Mis à jour le 08/06/2020
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Édition intégrale par Alain Legros
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