Lettres écrites par Montaigne en jurade

Localisation :

  • Bordeaux, Archives départementales de la Gironde : lettre n° 3 (à défaut, copie Gaullieur sur internet).
  • Bordeaux, Bibliothèque Mériadeck : lettres n° 6, 7.

Introduction (A. Legros, 28/05/2015)
Fac-similés
Édition (A. Legros, 2013)

Introduction

Parmi les nombreuses pièces sous lesquelles Montaigne a dû apposer sa signature durant les quatre années de son mandat de maire (1581-1585), on compte trois lettres écrites en jurade et expédiées de Bordeaux, dont une lettre adressée au Parlement de Bordeaux et deux lettres de remontrance adressées aux rois de France et de Navarre. Les originaux ont disparu, mais des copies manuscrites de ces pièces ont été imprimées au XIXe siècle.

La première, datée du 28 avril 1582, a été publiée par Ernest Gaullieur comme pièce justificative de son Histoire du Collège de Guyenne, Paris, 1874, p. 565, sous le titre : « Jugement rendu par Michel de Montaigne et les jurats de Bordeaux avec un règlement pour les enfants exposés » (source manuscrite conservée aux Archives Départementales de la Gironde : Série H, Jésuites, Collège de la Madeleine, pièces détachées). Elle expose les différentes phases d’un jugement rendu par la jurade sur la gestion désastreuse des enfants trouvés, qui incombait aux Jésuites de Bordeaux en leur qualité d’héritiers du prieuré Saint-James. Il s’accompagne d’un règlement dont les co-signataires demandent l’enregistrement « à Nos Seigneurs du Parlement ». Il est signé par « nous, Michel, seigneur de Montaigne, chevalier de l’ordre du roi, gentilhomme ordinaire de sa chambre, maire ; Pierre Dupérier, conseiller du roi et contrerolleur en sa comptablie de ladite ville ; Gabriel de Lurbe, avocat en la cour ; François Treilhe, bourgeois et marchand ; Guillaume de Cursol, conseiller du roi et trésorier général de France au bureau établi par Sa Majesté en ladite ville ; Jean Turmet, bourgeois, et Mathurin Fort, élu en l’élection de Guyenne, jurats et gouverneurs d’icelle ». Un an après avoir écrit dans son Journal de voyage le plus grand bien des Jésuites allemands et romains, Montaigne trouvait dans cette affaire de quoi tempérer son admiration. Ce document est reproduit dans la section consacrée aux Lettres de Montaigne (n° 3).

La lettre de remontrance au roi Henri III est datée du 31 août 1583. Découverte par l’archiviste Arnaud Detcheverry, elle a été transcrite et publiée par Jules Delpit en première page du Courrier de la Gironde, le lundi 21 janvier 1856 (Bordeaux, Bibliothèque Mériadeck, grands formats). Elle traite de la réparation du phare de Cordouan (voir le contrat passé avec l’ingénieur Louis de Foix : transcription à venir.) et des détournements de fonds auxquels elle a donné lieu, des exonérations fiscales indûment accordées aux familles les plus riches, des charges et privilèges de Bordeaux dans le commerce du vin, de l’occupation abusive de certains lieux défensifs, de la pauvreté accrue du peuple en raison des guerres civiles, des mendiants et des pèlerins de Compostelle dont la charge ne devrait pas incomber à la ville. Quelques formules fortes sont dignes des Essais : « l’expérience, maîtresse des choses, a fait connaître plus à clair combien les nouveautés en tous Etats sont pernicieuses » ; « toutes impositions doivent être faites également sur toutes personnes, le fort portant le faible » ; « il [est] très raisonnable que ceux qui ont les moyens plus grands se ressentent de la charge plus que ceux qui ne vivent qu’avec le hasard et de la sueur de leur corps » ; « comme par la justice les rois règnent et que par icelle, tous Etats sont maintenus, aussi il est requis qu’elle soit administrée gratuitement et à la moindre foule du peuple que faire se peut. » Autres signataires : d’Alesme, Galopin, Pierre Regnier, Lapeyre, Claveau. Ce document est reproduit dans la section consacrée aux Lettres de Montaigne (n° 6).

La lettre de remontrance des maire et jurats au roi de Navarre, « lieutenant général du roi au pays et duché de Guyenne », est datée du 10 décembre 1583. La transcription en a été publiée par Champollion-Figeac dans le second tome de ses Documents inédits tirés des collections manuscrites de la Bibliothèque Royale, Paris, typo. Firmin-Didot, 1843 (Bordeaux, Bibliothèque Mériadeck, Coll 82/13). Cette lettre revendique, contre un barrage dressé sur la Garonne par les soldats d’une garnison mécontents de ne pas avoir été payés, la libre circulation fluviale des marchandises entre Toulouse et Bordeaux (blés, vins, pastels, poissons, laines), d’où la ville tire ses principaux revenus, et d’une façon générale la liberté du commerce en Guyenne, source d’enrichissement pour tous, laboureurs, marchands et artisans. Au roi de Navarre comme au roi de France (lettre précédente), il est rappelé que les intérêts des rois et ceux de leurs sujets sont liés. Ont signé, sous le maire, d’Alesme, Galopin, Pierre Reynier (Regnier), Faneau, Fetayeyrs et de Lurbe (procureur syndic de la ville). Ce document est reproduit dans la section consacrée aux Lettres de Montaigne (n° 7).

Fac-similés

Nouvelle édition par Alain Legros (2013)

  1. Version diplomatique (Lettres réunies en un seul fichier)
  2. Version régularisée (Lettres réunies en un seul fichier)
  3. Version modernisée (Lettres réunies en un seul fichier)