Projet

Bienvenue sur le site du projet MONLOE porté par le programme « Bibliothèques Virtuelles Humanistes » du Centre d’études Supérieures de la Renaissance de Tours. Nous vous invitons à commenter les articles ou à nous joindre depuis la page Contact pour toute suggestion.

« MONtaigne à L’Œuvre » (MONLOE)

L’objectif du projet « MONtaigne à L’Œuvre » (MONLOE) est de réunir les éléments principaux d’un corpus :

À cela s’ajoutera une sélection d’ouvrages dont on peut considérer qu’ils constituent des sources majeures des Essais.
Le legs « Gilbert de Botton » conservé à la Bibliothèque de l’Université de Cambridge, et présenté par le regretté Philip Ford lors de journées d’étude en septembre 2008, a fait naître ce projet international et collaboratif.


 

 

MONLOE met l’accent sur ce que l’on peut découvrir de la dimension créative d’une œuvre à partir d’un corpus numérisé : processus d’élaboration, additions et corrections, modification des textes-sources et des compilations, interventions d’auteur, invention de l’« essai » et manifestation des concepts les plus significatifs des Essais (« humaine condition », doute, prudence, inscience, bonne foi, « fantaisie »…). Il sera possible de comparer les différentes éditions des Essais, en cours de publication numérique avec le marquage des citations, des noms propres et des variantes significatives. La transcription encodée en XML-TEI de l’Exemplaire de Bordeaux (EB), avec les recherches sur les stratifications des encres et des interventions manuscrites, constituent des défis techniques et scientifiques stimulants pour la mise en valeur d’un patrimoine littéraire exceptionnel. La reconstitution de la bibliothèque en 3D, dont un prototype est en démonstration, permet à un large public de bénéficier des résultats de l’entreprise.

Sommaire
Mise en place d’un projet collaboratif international
Une entreprise éditoriale innovante
L’écrit et l’oral
La renaissance de la « librairie de Montaigne » : modélisation 3D

Mise en place d’un projet collaboratif international

Dès 2010, les Bibliothèques Virtuelles Humanistes ont pu acquérir, avec des subventions du Contrat de Projet État-Région (CPER), une grande partie de la série d’ouvrages issus du legs «Gilbert de Botton». Parmi les dix ouvrages déjà en ligne, dont l’exemplaire d’un Lucrèce abondamment annoté par Montaigne, on compte l’exemplaire ayant appartenu à Jean-Jacques Rousseau et des éditions des Essais établies par Marie de Gournay.

Le projet a permis d’obtenir la collaboration d’une vingtaine d’institutions à travers dix pays. La première phase comprend les acquisitions numériques auprès des divers établissements, en complétant en priorité la numérisation patrimoniale des principales éditions des Essais, notamment les exemplaires conservés à la bibliothèque Mériadeck de Bordeaux numérisés en mai 2014 et mis en ligne à partir de novembre (projet partenarial Biblissima LABOREM 2014).  Parmi eux, l’exemplaire dit « Lalanne » (1580) montre une importante campagne de corrections effectuée sous la direction de Montaigne, et un exemplaire de 1588 corrigé ponctuellement par Montaigne. L’ensemble des quelque 100 ouvrages ayant appartenu à la fameuse « librairie de Montaigne » et actuellement localisés (parmi eux, une vingtaine léguée par La Boétie) comprend les 36 exemplaires de la Réserve de la BnF, 29 autres pour Bordeaux, 10 pour Cambridge et des exemplaires dispersés à l’étranger ou en France (Chantilly, Libourne, Périgueux, Toulouse, collections privées). Les notes de lecture de La Boétie et de Montaigne sur seize de ces exemplaires font l’objet d’une nouvelle édition d’Alain Legros. L’Exemplaire de Bordeaux (EB), riche de milliers d’additions et corrections de la main de Montaigne et accessible sur le site des Montaigne Studies à Chicago, a été numérisé à nouveau par la Bibliothèque nationale de France en mars 2016.

Outre les volumes de Cambridge, les ouvrages portant la marque de possession ou des traces autographes de Montaigne et conservés hors de France se concentrent au Royaume-Uni (Oxford, Eton, Edimbourg) et aux États-Unis (Harvard, Bloomington, Charlottesville, Williamstown). En possèdent aussi les bibliothèques nationales d’Espagne et de Belgique, ainsi que la fondation Martin Bodmer en Suisse. Les pièces manuscrites, autographes ou non, sont réparties entre Paris (BnF-Richelieu), Bordeaux (Bibliothèque Mériadeck), Rome (Archivio Storico Capitolino), Londres (British Library), Leyde (Bibliothèque universitaire) et Monaco (Archives princières).

Voir la page Partenariats

Une entreprise éditoriale innovante

Le regroupement de l’ensemble des fac-similés des éditions et pièces manuscrites originales est complété par la mise à disposition d’une série de transcriptions en texte intégral des principaux écrits de Montaigne. La transcription de l’édition de 1580 offre aussi, avec l’encodage approprié, les principales variantes de plusieurs exemplaires de 1580 (Romorantin, Bordeaux-Lalanne, Chicago, BnF, Yale) et celles de l’édition de 1582 (Bordeaux, BnF). EB (Exemplaire de Bordeaux), avec ses fameux « allongeails » complétés par l’édition posthume de 1595, est en cours de transcription, et la Théologie naturelle de Raymond Sebond (traduction de Montaigne selon l’édition de 1581, avec les leçons de 1569) sera également publiée. Ces éditions sont proposées en versions consultables au choix, corrigées ou non, quasi-diplomatiques ou régularisées, et l’édition de 1595 est proposée aussi en orthographe moderne.

Le projet MONLOE a l’ambition de répondre à un double défi scientifique et technique :

  1. la visualisation de la temporalité de la composition des Essais
  2. la reconnaissance du statut particulier des additions et retouches (éditées ou manuscrites) avec la figuration de l’écrit qu’elle suppose.

Le traitement de l’Exemplaire de Bordeaux y occupe une place centrale, puisque le projet voudrait offrir une véritable édition de ce texte hétérogène, en tenant compte de tous les éléments textuels repérables dans l’imprimé et dans les modifications autographes. Ce travail de transcription, d’encodage et de mise en ligne, jamais définitif, prend appui sur l’analyse de la variation graphique observable (écritures et usages graphiques), soumis aux traitements linguistiques appropriés (lemmatisation et requêtes sur les hétérographes avec l’outil TXM – laboratoire ICAR, ENS de Lyon), associés à une recherche sur les configurations lexicales. La recherche sur la temporalité de l’écriture de Montaigne offre ainsi la possibilité d’étudier l’orthographe et la ponctuation de l’auteur, dont l’analyse est enrichie par la disponibilité des manuscrits.


L’écrit et l’oral

Expertise de la « main » de Montaigne

Une étude scientifique de l’écriture de Montaigne peut être réalisée et offrir de nouvelles attributions, à partir de numérisations d’excellente qualité. Une base d’échantillonnage, selon les différentes périodes d’annotation et d’addition (du jeune Montaigne qui annote en latin et recopie du grec au Montaigne des Essais qui grossit l’Exemplaire de Bordeaux, surtout en français), est soumise à une double expertise :

  1. celle d’Alain Legros (membre associé du CESR, éditeur des annotations dans le volume Montaigne de la Pléiade 2007 et dans Montaigne manuscrit, Classiques Garnier, 2010) ;
  2. celle des laboratoires de reconnaissance de l’écriture, LIPADE (Paris 5) et LIRIS -INSA Lyon, augmentée de l’analyse multispectrale des encres en cours de réalisation par l’IRAMAT (Orléans).

Cette base, qui associe Montaigne, La Boétie et Marie de Gournay, est comparée à la base d’autres « mains » élaborée par la section de l’humanisme de l’IRHT (Base BUDÉ développée par Marie-Elisabeth Boutroue).

Les graphies manuscrites de Montaigne

Les études sur l’orthographe et la ponctuation de Montaigne, menées de façon ciblée par André Tournon (ponctuation), et sur les pratiques des typographes par Charles Beaulieux et Nina Catach (orthographe, pratiques des typographes), ont été renouvelées ou prolongées par Alain Legros dans son édition de tous les manuscrits autographes de Montaigne, ce qui oblige à tenir compte de l’orthographe spontanée des scripteurs du XVIe siècle. Il est déjà possible d’exploiter systématiquement les usages de Montaigne dans ses graphies manuscrites, avant toute intention et pratique d’auteur, dans les arrêts, notes des Ephémérides de Beuther et du Nicole Gilles, puis dans les autres notes de lecture et les lettres (évolution de –eur vers –ur, oë/oi, ste/cete,…), pour le latin et le grec également, et dans ces témoignages exceptionnels que sont les additions sur l’Exemplaire de Bordeaux.

La lecture des Essais de Montaigne : Édition sonore des Essais de 1595

Un complément de financement (régional et européen) a permis d’entamer la réalisation de la synchronisation entre la lecture des chapitres des Essais de 1595 (en version audio et prononciation moderne) et l’une des éditions fac-similé en ligne.


Extrait : Montaigne, « Au Lecteur » (D’après l’édition de 1598) – Lu par Pierre Tissot


La renaissance de la « librairie de Montaigne » : modélisation 3D

Le regroupement de ce vaste corpus documentaire est accessible librement à partir d’une plateforme éditoriale Web, qui offre un état de la reconstitution de la bibliothèque de Montaigne en 3D, à partir de photographies du lieu réel et meubles et ouvrages virtuels. Ce travail est effectué par la Cellule de Transfert de l’université de Bordeaux (Archéovision, et CNRS).

Un premier projet avait été élaboré par Anne-Marie Cocula et Alain Legros en 2000 avec le concours de Robert Vergnieux et Pascal Mora (Centre Ausonius, Université de Bordeaux-3). La restitution 3D du château d’avant 1850, et de la « librairie » du temps de Montaigne (avec les inscriptions grecques et latines peintes au plafond), avait été commencée à cette époque. Le projet s’enrichit en ajoutant :

  • Une reconstitution hypothétique de la disposition des livres sur les étagères (en fonction des inscriptions qui restent sur les tranches ou les dos, peut-être autographes), avec des étagères vraisemblables
  • Un lien (par l’image, en attendant la version audio) entre les sentences peintes sur les poutres et leur nouvelle édition par Alain Legros.
  • Un lien entre les livres virtuels sur les étagères et quelques livres intégralement numérisés : ainsi la « librairie » reconstituée devient —pour le grand public et les chercheurs— une façon d’entrer dans les livres.

 

Marie-Luce Demonet et Alain Legros
Mis à jour le 03 juin 2015

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