Premier testament de Marie Le Jars de Gournay, 1596

Localisation : Paris, Archives Nationales, Minutier central

Introduction (A. Legros, 14/09/2017 ; mise à jour 22/06/2023)
Bibliographie
Images
Édition (A. Legros, 14/09/2017)

Introduction

Des trois testaments rédigés par Marie Le Jars, plus connue sous le nom de Marie de Gournay en tant que « fille d’alliance » de Montaigne et éditrice de ses Essais posthumes de 1595, le plus ancien, olographe et daté du 28 novembre 1596, pourrait être qualifié de testament de jeunesse, du moins pour nous qui savons que la testataire, alors âgée de 31 ans, avait encore 49 ans à vivre. Les testaments de 1642 et 1644 ainsi que leurs codicilles seront, quant à eux, ceux d’une vieille femme « sentant sa mort prochaine », comme eût dit, mais un peu plus tard, Jean de La Fontaine.

Ce document a été trouvé aux Archives Nationales dans les papiers du notaire Mathurin Périer (Minutier Central /ET/XI/78) par Catherine Martin, qui en a publié la toute première transcription (référence ci-dessous), assortie de quelques commentaires sur les intentions et circonstances de cet écrit et sur les personnages dont il fait état (voir en particulier l’hypothèse retenue pour expliquer la mention des « meubles » et « besognes » laissés au château).

Tout en renvoyant pour l’essentiel à cet article, rappelons ici qu’au début de l’année 1596, Marie était encore l’invitée de la veuve et de la fille de Montaigne, chez qui elle n’était venue qu’après s’être acquittée à Paris de sa tâche d’éditrice du texte de la dernière main de l’auteur, distinct de celui de l’Exemplaire de Bordeaux resté en Périgord. La ferveur de la demoiselle rejaillit sur la fille du défunt, Léonor, sa cadette de six ans, elle-même veuve depuis 1594, qu’elle nomme sa « sœur d’alliance » comme si elle avait trouvé à Montaigne une famille selon son cœur. Le « présent » qu’elle lui fait d’un diamant que lui avait offert Michel de Montaigne huit ans auparavant interdit de voir dans les deux m gravées sur la bague autre chose que les initiales de « Michel » et « Montaigne ». Lire « Marie » et « Michel » par goût du romanesque ferait pour le moins du geste de la demoiselle une incongruité du plus mauvais goût.

Il existe d’autres témoins de l’écriture de Marie de Gournay, parmi lesquels figurent en bonne place les trois additions qui lui ont été dictées par Montaigne en marge de l’Exemplaire de Bordeaux (A. Legros, « Montaigne et Gournay en marge des Essais : trois petites notes pour quatre mains », Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, tome 65, 2003/3), ses corrections et précisions manuscrites sur un exemplaire de 1595 conservé à Anvers et celles qu’elle a effectuées sur un exemplaire de cette même édition posthume conservé à l’université de  Maynooth (J. O’Brien, « Gournay’s Gift : A Special Presentation Copy of the 1595 Essais of Montaigne, The Seventeenth Century, 2014).

Alain Legros
Mise à jour : 20/11/2017

Addendum : une autre source importante est constituée par les lettres de Marie de Gournay envoyées à Juste Lipse en 1593 et 1596, et conservées à la bibliothèque universitaire de Leyde. Elles viennent d’être mises en ligne. (Marie-Luce Demonet, 22/06/2023)

Bibliographie

  • Marie de Gournay, Œuvres complètes, édition critique de Jean-Claude Arnoult, Paris, Champion, 2 volumes.
  • Michèle Fogel, Marie de Gournay, Paris, Fayard, 2004.
  • Catherine Martin, « Le premier testament de Marie de Gournay » Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, tome 67, 2005/3, p. 653-658.

Images

Testament de Marie de Gournay recto, Archives Nationales, MC/ET/XI/78, Photo Alain Legros.

Testament de Marie de Gournay verso, Archives Nationales, MC/ET/XI/78, Photo Alain Legros.

Édition par Alain Legros (fichier PDF).

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