Intervention d’Alain Legros « Propos de Montaigne sur l’intérêt des Traductions », session 1 « Traduire Montaigne : Enjeux et Problématiques », 20 octobre.
L’Institute for Epistemological Studies – Europe (IESE – Europe) et le Laboratoire Langue et Texte de La faculté de Langue Arabe de Marrakech (LLT-FLAM) se proposent d’engager la réflexion sur la relation entre l’auteur des Essais et la traduction, que ce soit du vivant de Montaigne, ou depuis sa mort jusqu’au XXIe siècle, voyant ainsi la diffusion de sa réflexion et de sa pensée à travers le monde. Si la philosophie occidentale est née avec les traductions latines, elle continue aujourd’hui d’être partagée au travers de traductions modernes. Ce lien étroit est essentiel à toute tradition intellectuelle et Montaigne en est un bel exemple
Préambule
La philosophie a toujours entretenu avec la traduction des rapports étroits, et parfois antagonistes. La philosophie européenne, revendiquant certains philosophes antiques s’est ainsi construite autour de passages entre les langues. Personnalité politique et diplomatique, penseur essentiel de la Renaissance et auteur des Essais, Michel de Montaigne est considéré comme l’un des plus importants philosophes européens. Élevé et éduqué exclusivement en latin dans ses premières années. Montaigne choisira cependant de rédiger ses Essais en français, alors langue vulgaire et rejetée par la classe pensante dominante. Le philosophe avait pourtant bien conscience de l’instabilité de cette langue vernaculaire qu’il disait avoir vue évoluer au cours de sa vie, et considérait que ce choix linguistique condamnait son œuvre à une obsolescence dictée par les évolutions futures de la langue, évolutions qu’il voyait certaines. Le latin étant pour Montaigne la véritable langue de formation, pourquoi choisit-il alors de
rédiger ses Essais en français, au risque de ne plus être lu après cinquante ans ?
Il y a là un fort parallèle avec la traduction et sa raison d’être. Comment ne pas d’abord penser à la mission traductrice de rendre accessible la culture lorsque l’on considère le choix linguistique de Montaigne ? Et comment ne pas voir dans cet attrait pour une langue française émergente et sans fixation exacte un rapport avec le flou linguistique naissant de l’espace interlangue et interculturel qui se créé lors de l’acte de traduire ? Montaigne n’était d’ailleurs pas inconnu à la traduction, ayant traduit la Théologie Naturelle de Raymond Sebond. Il vivait à une époque où la volonté de consolider et de définir la langue française donnait lieu à toutes sortes d’exercices de traduction de textes anciens ou contemporains, exercices auxquels Montaigne porta beaucoup d’intérêts. Le philosophe développa d’ailleurs une pensée et une analyse de la traduction particulièrement moderne pour son époque considérant qu’il n’était pas nécessaire de connaître l’original pour juger une traduction, et que cette dernière n’était ni une copie, ni une imitation.
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Programme
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Source : https://www.uca.ma/flam/fr/news/luniversite-dhiver-sur-le-theme-montaigne-et-ses-traductions