Archives de catégorie : Œuvres

Les Essais de 1595 annotés par Antoine de Laval et Pierre de La Mure

Exemplaire acquis en 2024 par la bibliothèque de l‘Université de Princeton.
Édition intégrale des annotations par les Bibliothèques Virtuelles Humanistes (MONLOE).

Introduction (Alain Legros, mise à jour : 12/05/2025)
Bibliographie (Alain Legros, 12/05/2025)
Fac-similé numérique (Université de Princeton, 2025)
Édition (Alain Legros, nouvelle édition : 12/05/2025)

Introduction

La Bibliothèque Universitaire de Princeton ayant récemment acquis et numérisé l’exemplaire des Essais de Michel Seigneur de Montaigne (Paris, Abel l’Angelier, 1595) qui avait autrefois appartenu à Antoine de Laval (ex-libris de 1597), puis à Pierre de la Mure (ex-libris de 1634), il est maintenant possible d’éditer la totalité des annotations manuscrites de l’ouvrage. Une partie seulement d’entre elles, aujourd’hui archivée, avait été transcrite par mes soins sur le site MONLOE des Bibliothèques Virtuelles Humanistes à partir de photographies effectuées d’après l’original par Marie-Luce Demonet au Salon du Livre 2022 (stand du libraire Jean-Baptiste de Proyart). Grâce à l’efficace médiation de William Hamlett et à l’opportune numérisation de la Princeton University Library, il est maintenant possible d’examiner l’intégralité des 759 annotations marginales de cet exemplaire, dont 56 sont de la main de Laval (7,3%) et 703 de la main de La Mure (92,7%), à qui l’on doit en outre les nombreuses références d’auteurs et de lieux où Montaigne a puisé ses citations latines. L’imprimé est par ailleurs copieusement souligné par l’un et l’autre, comme on peut le constater sur le fac-similé numérique mis gracieusement à la disposition des chercheurs (PDF, 403 Mo).

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Edition de 1595

Les Essais de 1595 : leçons de variantes

  1. En attendant une introduction plus ample, cette présentation expose les principes et les premiers résultats d’une édition numérique des Essais de 1595 (posthumes), en cours depuis 2017. La recherche et la collation des exemplaires existants, entreprise avec John O’Brien, n’est pas encore achevée et ne prétend pas reprendre l’historique des variantes depuis la toute première édition des Essais en 1580, puisqu’elles sont signalées dans l’édition de la Pléiade (2007).

Retour à 1595

  1. Après la fin théorique du projet « Montaigne à l’œuvre » (MONLOE) financé par l’Agence Nationale de la Recherche pendant trois ans sans prolongation (2012-2014), cette publication prévue à partir de l’exemplaire conservé au Musée Plantin-Moretus d’Anvers (cote R. 40.5) a été retardée par l’absence de personnel affecté à son encodage et à son ergonomie. Elle n’a pourtant pas été abandonnée et une première couche d’encodage a pu être réalisée en 2019. Elle se poursuit grâce aux crédits de l’équipex (équipement d’excellence) Biblissima (2012-2021) et Biblissima+ (2021-2029). Le rythme est d’autant plus lent qu’il a fallu reprendre l’inventaire systématique non seulement des corrections manuscrites attribuées à Marie de Gournay pour choisir celles des leçons qui nous paraissent les meilleures, mais aussi des variantes ou corrections imprimées, plus difficiles à repérer. Il s’agissait moins de relancer le vieux débat, et néanmoins inévitable, sur les mérites respectifs de l’Exemplaire de Bordeaux (EB) et de 1595, déjà bien exposés par les éditeurs de ces textes, que de donner à voir l’édition posthume dans ses variations et son instabilité. La représentation, même par l’outil informatique, d’un objet en mouvement est d’autant plus délicate : un affichage de tous les témoins (nous en sommes actuellement à plus de 80) donnerait le vertige.

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Arrêt du 7 mai 1579 condamnant au feu les Mémoires de l’état de France sous Charles IX (seconde édition, 1578)

Introduction (A. Legros, 07/03/2015)
Ressources

Introduction

Ce n’est pas, comme on le dit parfois, le Discours de la servitude volontaire de La Boétie qui a été brûlé à Bordeaux sur la place de l’Ombrière, mais les trois volumes d’une contrefaçon de la seconde édition (1578) des Memoires de l’estat de France sous Charles IX où ils prenaient place, anonymement, parmi plus de 250 autres pièces.

Mal connu, l’arrêt du 7 mai 1579 prononcé par la Cour de Parlement de Bordeaux sous la présidence de Jacques Benoist de Lagebaston et au rapport du conseiller Gentilz expose les attendus du jugement qui a condamné l’ensemble de cet ouvrage au feu et les deux libraires bordelais qui l’avaient mis en vente, Guillaume Fontaine (vers 1549 – vers 1582) et Blaise Destadens (vers 1559 – 1608), à une amende de 45 écus sol à verser au profit des pauvres de l’hôpital, avec interdiction faite à tout libraire de la ville de détenir et de vendre ces Memoires sous peine de mort par pendaison. Les trois éditions de 1578, contrefaçon incluse, comprenaient, parmi d’autres pièces nouvelles, plusieurs pages relatives aux massacres de la « Saint-Barthélemy » bordelaise perpétrés à partir du 3 octobre 1572. Parmi les massacreurs nommément désignés, certains appartenaient à des familles de notables de la ville, ce qui peut avoir conduit les juges de la Cour à estimer le livre examiné non seulement « scandaleux », mais « diffamatoire ».

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La Servitude Volontaire, manuscrit de Bordeaux

Contre la Tyrannie et [les] Tyrans : La Servitude Volontaire, Copie anonyme de [1605]
Localisation : Bibliothèque municipale de Bordeaux, Ms 2199

Introduction (A. Legros, 12/10/2013)
Fac-similé
Édition (A. Legros, 2013)
Édition numérique (BVH-Epistemon, 2017)

Introduction

Conservé à la Bibliothèque municipale de Bordeaux (Bibliothèque Mériadeck) sous la cote Ms 2199, le manuscrit intitulé « La Boetie contre la tirannie et tirans. / La seruitude volontaire » comprend quatorze feuillets filigranés à la fleur de lys et numérotés 67-80 à la plume par le copiste lui-même en haut de page, puis 302-315 et 1-14 en pied de page par une main ultérieure et à la mine de plomb. Le document est protégé par une chemise où le nom de l’auteur et le titre du texte copié ont été reproduits par l’érudit Jules Delpit (main authentifiée par Nicolas Barbey, actuel responsable du département du Patrimoine).

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La Théologie naturelle de Raymond Sebon (éd. de 1581)

Michel de Montaigne, La Theologie naturelle de Raymond Sebon, traduite nouvellement en François…, Paris, Guillaume Chaudiere, 1581.

Introduction (M-L Demonet, 25/09/2015)
Ressources
Édition XML-TEI

Introduction

Montaigne publie en 1569 la traduction d’un traité de théologie scolastique, la Theologia naturalis (ou Liber creaturarum, « Le Livre des créatures ») de Raymond Sebond, théologien catalan, professeur à Toulouse et mort en 1436, l’année même où son manuscrit est achevé. Il dit dans son « Apologie de Raymond Sebond » (Essais de 1580, II, 12, chapitre le plus long de l’œuvre) : «  Il fait bon traduire les auteurs comme celui-là, où il n’y a guère que la matière à représenter », et déclare que sa langue est un « espagnol baragouiné en terminaisons latines ». Ce chapitre, fondamental pour apprécier les idées philosophiques de Montaigne, est inspiré par un ouvrage que Montaigne avait traduit à la demande de son père.

Le succès de la Theologia naturalis tenait d’abord à sa diffusion rapide par l’imprimerie dès les années 1480 et à l’adaptation dialoguée par Pierre Dorland (1499), la Viola animae (la « Violette [petite viole] de l’âme »), version plus orthodoxe elle-même traduite en français par Jean Martin (1551, 1565). Toutefois la première traduction en français, intégrale et scrupuleuse, avait été publiée par un anonyme en 1519 (Lyon, Claude Daulphin). Montaigne réalise la sienne après la mort de son père et dit dans la préface qu’il y a pris un « singulier plaisir ».

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Essais de 1588 et Exemplaire de Bordeaux

Localisation : Bibliothèque de Bordeaux-Mériadeck.

Introduction : L’Exemplaire de Bordeaux (A. Legros, 07/03/2015)
Présentation : Édition numérique de l’Exemplaire de Bordeaux (M-L. Demonet, 06/12/2015)
Bibliographie
Ressources

Édition numérique

Introduction : L’Exemplaire de Bordeaux

L’exemplaire dit de Bordeaux (ci-dessous EB) étant, comme on sait, un exemplaire de l’édition de 1588 retravaillé par Montaigne, qui y a multiplié les corrections et les additions de sa main, il permet non seulement d’avoir accès aux modifications apportées par l’auteur au texte édité en 1588, à l’exception des lacunes (l’exemplaire a été rogné), mais aussi de considérer que ce texte de 1588, même imparfait, a été validé comme tel par celui qui en a fait la base de son nouveau chantier.

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Signes d’insertion autographes sur l’Exemplaire de Bordeaux

Introduction (M. Duboc & A. Legros, 01/06/2015)
Photographies d’une cinquantaine de signes

Introduction

Les premiers « guidons » (signes d’insertion) tracés par Montaigne sur l’Exemplaire de Bordeaux (EB) pour introduire une addition manuscrite ressemblent à des I aux empattements prolongés : à un I d’appel qui marque l’endroit où se fera l’insertion dans le texte imprimé correspond dans la marge un I de renvoi suivi de l’addition à prévoir pour l’édition suivante. Il est possible de trouver plusieurs additions signalées par ce signe en une même page quand la distance entre elles est assez grande pour ne pas prêter à confusion. Dans ce cas, le signe d’appel est généralement placé au niveau du signe de renvoi. Dans le cas contraire, un signe dérivé du premier, par simple adjonction d’une barre transversale et parallèle aux autres, parfois postérieure au tracé du signe ainsi barré, permet de distinguer une nouvelle addition de la précédente. Certains ajouts peuvent être contemporains des corrections effectuées à la plume dans le texte (ponctuation, substitution de majuscules à des minuscules ou l’inverse, remplacement systématique de certains mots, ajouts brefs et ponctuels, biffures, consignes de disposition pour les citations en vers ou en prose, palinodies). À ce stade, les interventions à la plume étant destinées à l’imprimeur, comme indiqué par l’auteur sur une page de garde, il importait d’être le plus clair possible.

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Le « Discours de la servitude volontaire » dans les Mémoires de l’état de France sous Charles IX (première édition, 1577)

Introduction (A. Legros, 07/03/2015)
Ressources

Introduction

Le « Discours, de la servitude volontaire » a été édité pour la première fois dans son intégralité et sous l’anonymat dans les Mémoires de l’estat de France sous Charles neufiesme (Volume III, 1577, p. 160-191), ouvrage généralement attribué à Simon Goulart et publié à Genève sous une fausse adresse (Meidelbourg, H. Wolf). Un sous-titre précise qu’il contient « les choses plus notables, faites et publiees tant pas les Catholiques que par ceux de la Religion, depuis le troisiesme edit de pacification fait au mois d’Aoust 1570. jusques au regne de Henry troisiesme » (Volume I, 1576).

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Traductions et poèmes de La Boétie – Dédicaces et lettre de Montaigne sur sa mort

Localisation : Bibliothèque Nationale de France.

Introduction (A. Legros, 07/03/2015)
Bibliographie
Ressources

Introduction

Deux ans après la publication de sa Théologie naturelle, traduction en français du Liber creaturarum de Sebond effectuée à la demande de son père, Montaigne fait imprimer en 1571 chez Fédéric Morel ce qu’il a pu rassembler des œuvres de son ami décédé huit ans auparavant. Il s’agit de traductions du grec et de poèmes groupés sous un titre composite : La Mesnagerie de Xenophon. Les Regles de mariage, de Plutarque. Lettre de consolation, de Plutarque à sa femme […] Ensemble quelques Vers latins & François, de son invention. En sa qualité d’éditeur, il signale toutefois dans l’« Advertissement au lecteur » du 10 août 1570 qu’il reporte à une moins « malplaisante saison » la publication de deux autres « pieces » dont il possède les manuscrits : « un Discours de la servitude volontaire, et quelques memoires de noz troubles sur l’Edict de Janvier, 1562 ». Rien en revanche n’a pu être recouvré des poèmes grecs de La Boétie, ni de ses poèmes latins et français intitulés « Gironde » que Montaigne dit avoir naguère entendu « reciter ». Quant aux 29 sonnets enchâssés dans le livre I des Essais de 1580 à 1588, ils ne lui seront communiqués que plus tard par le sieur de Poyferré, bien connu de l’un et de l’autre.

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[Archive] Les Essais posthumes de 1595 et de 1598

Localisations : Université de Cambridge, BM de Bordeaux et Musée Plantin (Anvers).

Introduction (A. Legros, 07/03/2015)
Bibliographie
Ressources

Introduction

Faut-il considérer l’Exemplaire de Bordeaux (ci-dessous EB) comme le dernier état du texte des Essais ou bien tenir pour tel l’une ou l’autre des éditions posthumes procurées par Marie le Jars de Gournay, en particulier celles de 1595 et de 1598 publiées à Paris par Abel L’Angelier, libraire du Palais ? La controverse dépasse le cadre et l’ambition de cette présentation, mais il faut rappeler qu’elle continue à diviser les spécialistes de Montaigne et qu’elle conduit à des éditions rivales entre lesquelles le lecteur critique est contraint de choisir, accordant son crédit soit à un texte reconstitué à partir d’un document certain, mais mutilé, dont rien ne nous dit que l’auteur l’a conçu comme définitif, soit à un texte complet, mais dont on ne peut assurer que l’éditrice ne l’a pas quelque peu modifié ou lissé par rapport à l’exemplar, distinct d’EB, qu’elle a reçu de la veuve de Montaigne en 1594.

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